lundi 25 mai 2015

Jour de la serviette

Une serviette montrant la réponse à la Grande question sur la vie, l'univers et le reste.

C'est aujourd'hui le Jour de la Serviette, inspirée de la série de science-fiction parodique The Hitchhiker's Guide to the Galaxy. Alors, surtout, ne paniquez pas!


L'image est l'œuvre de Julian Hammer et est publiée sous la licence Creative Commons Paternité - partage à l'identique, non-transposée (CC BY-SA 3.0).

dimanche 24 mai 2015

Le Québec fonctionne-t-il vraiment en français?


La semaine dernière, j'ai dû passer des tests dans une clinique privée, à Montréal. Tout s'est heureusement passé en français, avec un médecin puis un technicien parlant parfaitement le français. Néanmoins, la commande de tests avait été remplie par le médecin sur un formulaire en anglais, et le technicien a ajouté ses commentaires aux images en anglais seulement. Quand je l'ai interrogé à ce sujet, il m'a dit que c'était pour le radiologiste.


Existe-t-il au Québec des radiologistes qui ne parleraient que l'anglais? Qui ne connaitraient pas le mot français vessie? Ce serait étonnant, vu que la connaissance de la langue officielle est requise de tous les membres de ordres professionnels, et ce depuis l'adoption de la Charte de la langue française, il y a de cela près de 40 ans. Alors comment se fait-il qu'une clinique médicale, fût-elle privée, fonctionne en anglais? Je parie que, si je demande à consulter mon dossier médical, celui-ci sera écrit en anglais et que, si j'exigeais qu'il me soit communiqué dans la langue officielle, celle dans laquelle il aurait dû être écrit dès le départ, cela occasionnera des délais et des sourcils froncés, comme si je demandais la Lune.

De plus, à l'intérieur de la clinique, tout l'affichage, même celui destiné aux employés, était en français et en anglais. On avait par exemple la boîte à classer / to file. Y aurait-il dans cette clinique des employés qui ne maitriseraient pas le français? Il me semblait que cette manie du bilinguisme (souvent à sens unique, d'ailleurs) était révolu depuis 1977.

J'imagine que, vu que je n'ai pas été personnellement lésé par tout cela, je ne peux pas porter plainte auprès de l'Office de la langue française. Après tout, je ne connais même pas le nom du radiologiste qui va regarder les images qui ont été prises.

lundi 18 mai 2015

Les Patriotes et l'indépendance… du Canada?


C'est aujourd'hui, au Québec, le jour des Patriotes. La plupart des gens jouiront simplement d'une journée de congé, alors que quelques souverainistes rappelleront les batailles menées (et perdues) de 1837 et en 1838, ainsi que les exécutions de 1839. Cette absence des non-souverainistes (que j'aime bien qualifier de dépendantistes, vu que le respect du régime fédéral est souvent le cadet de leurs soucis) laisse entendre que les Patriotes voulaient l'indépendance du Québec... oups! du Bas-Canada. Même si Robert Nelson a vraiment déclaré l'indépendance de notre pays, le 22 février 1838, le principal grief des Patriotes était avant tout le manque de souveraineté du peuple (c'est-à-dire des hommes adultes, cela va sans dire). Mais il y avait aussi des Patriotes au Haut-Canada, qui voulaient eux aussi un gouvernement responsable.

Un grand nombre de Patriotes vouaient ce qu'on pourrait appeler un culte au régime républicain, avant tout celui des États-Unis — ce qui semble encore le cas aujourd'hui chez les souverainistes. Il y a donc fort à parier que, si le projet patriote avait réussi, le Québec serait aujourd'hui membre des États-Unis, soit suite à une adhésion volontaire ou bien suite à une conquête militaire inspirée par la Destinée manifeste. Parlerions-nous encore français dans ces circonstances?


Québec ou Canada?

Une chose est sure, cependant: le pays (ou l'État) que nous habitons ne s'appellerait pas Québec, mais plutôt Bas-Canada, Canada-Est ou peut-être même simplement Canada — comme le disait la mère de Maria Chapdelaine à celui qui racontait sa vie aux États-Unis: 

Samuel a pensé à aller dans l’Ouest, un temps, dit la mère Chapdelaine, mais je n’aurais jamais voulu. Au milieu de monde qui ne parle que l’anglais, j’aurais été malheureuse tout mon règne. Je lui ai toujours dit: « Samuel, c’est encore parmi les Canadiens que les Canadiens sont le mieux. »

Le nom Province of Quebec imposé par les conquérants en 1763 visait avant tout à briser notre identité ethnique en nommant la nouvelle colonie du nom de sa capitale. Je me demande parfois, mi à la blague mi-sérieux, ce que serait devenu le mouvement souverainiste du Québec si le pays qu'il avait mis de l'avant s'était appelé Canada — et qu'il avait laissé les autres provinces se débrouiller pour se trouver un nom à elles. Je me dis que bien des vieilles personnes ont longtemps eu une vision politique dans laquelle les Canadiens s'opposaient aux Anglais, et que revendiquer le nom qu'on nous avait volé aurait sans doute eu un effet enthousiasmant.

Et les Patriotes auraient approuvé d'outre-tombe.


* Pour un drapeau inspiré du mouvement patriote, je préfère le tricolore étoilé. Sans le vieux patriote à la pipe. Imaginerait-on un vrai drapeau national avec un tel personnage? Quant au simple tricolore, c'est hélas déjà le drapeau d'un État allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie.

Lisez mon autre réflexion sur l'accession du Québec à la souveraineté.

lundi 11 mai 2015

Quelques réflexions sur les modes de scrutin et la représentation proportionnelle



Je me contente de reprendre ici quelques commentaires que j'ai faits suite à de récents articles du Devoir. D'abord Choisir entre démocratie et stabilité, publié le 2 mai dernier.


Quelques commentaires (et une question à la CAQ)

La question: Cette semaine, j'ai écrit à la CAQ, après avoir lu leur document, et on m'a répondu... de lire le document. Ma question était la suivante: le système que vous proposez est-il une proportionnelle mixte compensatoire, comme en Allemagne, ou non-compensatoire, comme en Écosse? Rappelons que l'Allemagne et l'Écosse sont les deux exemples donnés dans le document.

Expliquons-nous, parce que je parie que même les penseurs de la CAQ ne savent pas la différence. Dans les deux cas, une partie des députés est élue dans des circonscriptions (75, selon la proposition caquiste) et une partie à la proportionnelle (50). Cependant, en Allemagne, ce deuxième groupe fait en sorte que le parlement est totalement proportionnel. Si, par exemple, QS n'a que deux députés de circonscriptions mais 10% des voix au scrutin proportionnel, il aura 10 nouveaux députés, de manière à ce que 10% des députés (12 sur 125) soient QS.

En Écosse, les députés proportionnels sont simplement élus dans de grandes circonscriptions, et le parlement dans son ensemble n'est pas proportionnel.

Commentaires: un des défauts de la proportionnelle, c'est que les députés sont encore davantage des plantes vertes qu'ici. La vraie lutte se fait dans les bureaux des partis, lors de la confection des listes. Il faut être en tête pour avoir une chance. Actuellement, même dans le West Island, un candidat péquiste pourrait être élu; dans un scrutin proportionnel, s'il est le 120e de la liste...

En fait, on peut se demander à quoi servent les députés dans ce système. On pourrait simplement faire comme lors d'une assemblée d'actionnaires et donner à chaque chef de parti le nombre de voix qu'il a reçus. Ça aurait au moins l'avantage de permettre à chaque parti de se faire représenter par qui il veut lorsqu'il s'agit de questionner le gouvernement, en fonction des domaines abordés.


Stabilité?

On parle toujours de stabilité gouvernementale quand on aborde la question de la proportionnelle, et on donne toujours les mêmes exemples: Israël (où la population est divisée) et l'Italie (dont les habitants ont eu l'impression d'avoir le même gouvernement pendant cinquante ans, malgré les soi-disant crises). Mais personne ne parle d'instabilité en Suède, en Finlande ou en Norvège. Or, il s'agit de républiques ou de royaumes parlementaires, à une seule chambre, chambre élue à la proportionnelle. S'agit-il vraiment d'une question de mécanisme électoral ou de climat politique? En effet, comme on le voit en Afrique ou à Haïti, aucun mécanisme ne garantit la démocratie en l'absence d'une culture politique adéquate.
Au début de la Hongrie post-communiste, il est arrivé, à la deuxième ou troisième élection, qu'un parti ait la majorité absolue au parlement. Il aurait pu faire comme ici et diriger seul. Eh non. Le nouveau climat politique exigeait que ce parti gouverne en coalition; ce qui se passe ici tous les jours aurait été perçu là-bas comme un abus de pouvoir, voire une dictature.


D'autres systèmes

Chaque système a ses avantages et ses inconvénients. Le système français à deux tous, si louangé ici, est vilipendé en France et souvent considéré comme l'un des pires systèmes, en termes de représentativité et de polarisation de la vie politique.

Il existerait d'autres systèmes. Dans un cadre d'une élection plurinominale, on pourrait bien donner à chaque électeurs plus d'une voix, pour qu'il puisse choisir plusieurs partis ou candidats, chaque ayant selon lui des bons côtés. On pourrait aussi choisir un système dit par approbation, où l'on vote pour tous les candidats que l'on aimerait bien voir gagner, quel qu'en soit le nombre (mais ce système devient vite très lourd si on doit élire de nombreuses personnes); ce système tend en effet à avantager le consensus et à désavantager la polarisation. 

Finalement, si on veut un parlement qui représente vraiment la population, il n'y a rien de mieux que le tirage au sort. On mettrait alors fin à des siècles de gouvernement par de riches avocats.


Ensuite, une réponse à quelqu'un qui me demandait quels pouvaient être les désavantages du système uninominal à deux tours, alors qu'il se plaignait que son député n'avait été élu qu'avec 32,4% des voix (suite à l'article Des arguments fallacieux en faveur du statu quo, publié le 11 mai), j'ai répondu ceci:

J'en ai un peu marre de me répéter.

1. Rien ne dit qu'un système à deux tours amène les élus à représenter la majorité. En France, aux législatives, il suffit de 12,5% des voix pour se qualifier pour le second tour. On y compte souvent trois, voire quatre candidats.

2. Même si le second tour n'offre qu'un choix entre deux candidats, il s'agit là d'une majorité factice, causée par le manque de choix. À ce compte, pourquoi ne pas présenter qu'un seul candidat? Chaque député serait élu par 100% des électeurs! Quelle représentativité!

3. Votre commentaire sur la représentativité oublie tous ceux qui ne votent pas au second tour parce qu'ils ne trouvent aucun candidat satisfaisant.

4. Le système à deux tours ne respecte pas le critère dit de Condorcet. Il se peut que le premier tour amène l'élimination d'un candidat qui gagnerait ses duels avec chacun des autres candidats un à un. C'est d'ailleurs ce qui s'est passé lorsque, à la présidentielle française, on a vu M. Chirac l'emporter face à M. Le Pen, alors que tous sondages donnaient M. Jospin vainqueur face à M. Chirac (et bien entendu face à M. Le Pen et à n'importe quel autre des candidats du premier tour).

5. Le système à deux tours coute cher, ce dont on se plaint à chaque élection complémentaire.

6. L'idée d'une élection n'est pas de représenter chaque petit bout de territoire, mais la population en tant que groupe. Et ça ne marche pas. Par exemple, toujours en France, alors qu'environ 15% des gens votent pour le Front national, ce parti n'a qu'un député sur près de 600, ce qui amène cet électorat à se sentir exclu.

7. Le système à deux tours amène souvent les élections, au deuxième tour, à se polariser sur deux candidats, donc à exacerber la polarisation gauche-droite, ce qui nuit à la recherche du consensus.


L'image est l'œuvre de Tooby et est publiée sus la licence CC-BY-SA 3.0 non transposé et provient de  Wikipedia Commons.

mercredi 6 mai 2015

L'Alberta et la représentation proportionnelle





Coup de théâtre dans la politique albertaine — et canadienne — ce matin. On apprend qu'au cours de la journée d'hier, la population de l'Alberta a élu un gouvernement néo-démocrate, après 45 ans de gouvernements progressistes-conservateurs successifs.

Tous les partisans de la gauche canadienne, et même les écolos, applaudissent. Or, bizarrement, beaucoup de gauchistes québécois seraient en faveur d'une représentation proportionnelle pour l'élection des assemblées législatives, en premier lieu l'Assemblée nationale du Québec. Il y a donc contradiction. En effet, si les sièges de l'assemblée législative de l'Alberta étaient distribués de manière proportionnelle, le NPD n'aurait reçu que 35 des 87 sièges au lieu de 53. Le Parti progessiste-conservateur, au lieu d'être troisième, serait deuxième avec 24 sièges, et le Wildrose, troisième avec 21. Les libéraux auraient sans doute quatre sièges (au lieu d'un seul), et le Parti de l'Alberta, deux.

Même avec l'appui des libéraux et du Parti de l'Alberta, il aurait été impossible pour le NPD d'atteindre la majorité de 44 sièges. Seules les alliances PPC-NPD ou, plus probablement, PPC-Wildrose, auraient été concevables.

Au nom de la démocratie, l'Alberta serait alors plus à droite qu'elle ne l'a jamais été. Aurait-ce vraiment été une victoire?

vendredi 1 mai 2015

Pour des jours fériés significatifs

Aujourd'hui, 1er mai, à peu près tous les pays du monde sont en congé pour la fête internationale des travailleurs, mais pas nous. Il faut dire qu'on célèbre aujourd'hui une grève déclenchée à Chicago en 1886 pour l'obtention de la journée de huit heures, grève bien entendu illégale, comme tous les grèves de l'époque (et pas seulement les grèves étudiantes) et qui a donné lieu à une répression ayant amené trois morts. Puis à l'exécution de cinq meneurs.


On peut comprendre que les autorités politiques états-uniennes (et par conséquent canadiennes) aient voulu créer leur propre fête, nommée fête du Travail et non plus des travailleurs, et ont voulu la mettre le plus loin possible dans le calendrier, soit au automne. 

Mais avant cela, le Premier-Mai était une fête traditionnelle du printemps — et il faut reconnaître qu'au Québec, célébrer le printemps le 1er mai a bien plus de sens que de le faire fin mars, souvent dans la neige! Cette fête traditionnelle, au cours de laquelle on décorait un arbre, dérive de l'ancienne fête celtique (nos ancêtres étaient gaulois, ne l'oublions pas, donc celtes) nommée Beltaine. Il s'agissait d'une des grandes fêtes de l'année celte, la plus importante étant le Nouvel An, autour du 1er novembre, que l'Église catholique a transformé en Toussaint (et les marchands de bonbons en Halloween).

Pourquoi ne ferions-nous donc pas comme le reste du monde civilisé et ne fêterions-nous pas aussi le Premier-Mai? Fête des travailleurs ou du printemps, peu importe, finalement.


La Grande Paix de Montréal

Une autre date qui pourrait faire l'objet d'une célébration — et d'un jour férié — pourrait être le 4 août. En effet, c'est à cette date qu'en 1701, le gouverneur de la Nouvelle-France a signé la Grande Paix de Montréal avec 39 nations amérindiennes. Ce serait l'occasion de renouer annuellement les liens entre les Premières Nations et les nouveaux venus, et cela mettrait fin aux incessantes demandes d'avoir, comme les autres provinces du Canada, un congé au début du mois d'août.


D'ailleurs, le 1er août était aussi l'occasion d'une fête chez les Celtes/Gaulois, en plein cœur de l'été, fête nommée Lugnasad. Encore là, on ferait d'une pierre deux coups,

Les deux images appartiennent au domaine public et proviennent de Wiki Commons.